Le retour des soldats s'effectue de 1918 à 1919. La France décide de démobiliser les soldats selon leur ancienneté et par classe d'âge. Cette démobilisation que les soldats espèrent la plus juste et la plus égalitaire possible est souvent mal vécue car elle prend du temps. Ils doivent passer une visite médicale avant d'être démobilisés et reçoivent un costume civil, le « costume Abrami », ou la somme de 52 francs. Par ailleurs, même si l'arrière prend en charge les soldats en les écoutant et en les aidant à se réinsérer dans la société, la démobilisation est redoutée. En effet, les soldats craignent le retour à la vie civile, le regard de leur famille et celui des familles endeuillées.
Une loi au début de l'année 1919 est promulguée et verse une indemnité de 250 francs et une prime de 20 francs par mois pour les soldats appartenant aux unités combattantes. Mais cette indemnité reste faible pour subvenir à leurs besoins en attendant de retrouver du travail. Avec le retour des mobilisés, le fossé entre les civils et les anciens combattants se creuse. Les soldats sont fatigués et lassés par la guerre. Ils espèrent rapidement retrouver du travail mais les disparités existent entre les citadins et les ruraux, en effet les citadins subissent de plein fouet un fort taux de chômage.
Les paysans ont plus de facilité à retrouver du travail dans les fermes car l'agriculture est un secteur durement touché par le conflit avec 5,4 millions de mobilisés dont 538 000 sont morts ou disparus et 161 200 mutilés. La reconstruction de la France passe donc par celle du milieu rural mais le manque de main d’œuvre subsiste. Les mutilés vont alors se reconvertir dans l'agriculture car de nouvelles prothèses telles que le corset ou la pince Lumière leur permettent de travailler dans ce secteur. En ce sens, les centres de rééducation se multiplient en France pour leur permettre d'apprendre ces métiers et surtout d'accepter leur nouvelle image.
L'acceptation de soi est difficile pour les mutilés car ils représentent la défiguration du monde par la guerre. La loi du 2 janvier 1918 offre une subvention aux écoles de rééducation pour les mutilés de guerre. La loi du 31 mars 1919 permet aux mutilés de recevoir une pension d'invalidité et d'avoir gratuitement accès aux centres de rééducation agréés par l'Office national des mutilés et des réformés. Mais la réalité reste à nuancer malgré une volonté des autorités politiques de les reconnaître et de les aider. Ils vivent dans une précarité et surtout dans une douleur physique et morale qu'il est difficile de mesurer.
Une brochure dédiée aux mutilés de la guerre en reconversion dans l'agriculture est publiée en 1919. Elle leur donne des conseils sur la production de lait et la fabrication de beurre ainsi que du fromage. Elle a été rédigée par le doyen de la Faculté des Sciences de Clermont, Raoul Chavastelon. L'auteur les renseigne sur les protocoles d'hygiène à suivre afin d'éviter la contamination du lait et rappelle qu'une bonne alimentation est nécessaire pour les animaux afin d'améliorer la qualité du lait. Le professeur Chavastelon indique également la fabrication du beurre à l'aide d'une baratte et les différents fromages auvergnats.
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