L'Après-Guerre

"O morts ! la France en vous plonge et vit tout entière ; la glèbe de ses champs n'est que votre poussière, et les vents de son ciel le souffle de vos voix"   Paul de Montalcher

Le maréchal Fayolle

Portrait du maréchal Fayolle

Marie Emile Fayolle est né le 14 mai 1852 au Puy-en-Velay, fils de Jean Pierre Fayolle et Marie Rosine Badiou, tous deux négociants ponots (habitants du Puy-en-Velay). Après des études secondaires brillantes, il décide d'embrasser une carrière militaire. En 1873, il sort de Polytechnique et choisit d‘entreprendre une carrière dans l'artillerie.

Lorsque le conflit éclate, il est à la retraite et ses pairs le rappellent le 14 août, à l’âge de 62 ans. En prenant le commandement de la 70e Division en 1914, il participe aux batailles de Morhange et du Grand Couronné de Nancy. Il passe au travers des limogeages de Joffre, en effet, près de deux cent officiers vont être limogés dès les premiers mois du conflit. Il est placé sous les ordres de Philippe Pétain qui commande le 33e Corps de la Xe Armée et prendra ensuite sa place. Les deux hommes prennent conscience de l'importance de l'artillerie dans le conflit.

En 1916, Marie Emile Fayolle prend la tête de la VIe Armée et l'année suivante dirige le Ier Corps d'Armée Colonial avant d'être envoyé d'urgence sur le front italien. En mars 1918, il commande la grande offensive de printemps et devient commandant du Groupe d'Armée de Réserve. Il est victorieux lors de la deuxième bataille de la Marne. A l'automne, avec ses réservistes, il est au centre de la dernière offensive alliée, et en décembre 1918, il franchit le Rhin pour occuper Mayence avec le général Mangin. Après le conflit, il quitte l'armée en 1919 et de 1921 à 1924, il devient inspecteur général de l’aéronautique. Le 19 février 1921, il reçoit le titre honorifique de Maréchal de France. Il meurt à l’âge de 76 ans, le 27 août 1928, et son corps repose aux Invalides.

Il rédige les Cahiers secrets de la Grande Guerre publiés en 1964 où il décrit la souffrance des soldats et leurs sacrifices au prix de tactiques parfois douteuses. Ce livre est le fruit de ses notes presque quotidiennes, du 1er août 1914 au 27 octobre 1919. Elles ne sont pas destinées à être publiées, il ne s’agit donc pas de ses souvenirs. Ce livre est un témoignage direct venu du front. Henri Contamine est à l'origine de cette publication, il a compilé et choisit les passages les plus importants pour éviter la publication d'un ouvrage trop volumineux.

Le lecteur suit les faits de guerre de Marie Emile Fayolle, au départ chef de division, puis dirigeant d’un corps d'armée et enfin à la tête de la moitié de l'armée française. Dans l'histoire de la guerre, l‘année 1915 est primordiale autour des grandes offensives françaises telles que celles de Champagne et d'Artois mais reste peu abordée dans l’historiographie de la Guerre. L'auteur est l'un des seuls généraux français à l'évoquer dans ses écrits. Il espère la fin de la guerre et déplore le fait qu'aucune percée française ne s‘effectue au prix de lourds sacrifices.

Le passage choisi ici est celui d'une attaque allemande à Notre-Dame-de-Lorette. Il décrit notamment, dans cet extrait, l'intensité de la guerre des mines. Au départ, il retrace la préparation d'artillerie allemande qui cause de sérieux dégâts du côté français. Il évoque son incompréhension face aux ordres pris par les maréchaux Joffre et Foch. En effet, Foch et Fayolle s'opposent sur bien des points, ce dernier écrit au sujet du maréchal : « Décidément Foch a plus de caractère que de talent ». L'auteur est marqué dans ce passage par la « période active » de la guerre des mines. La guerre de position dans les tranchées entraîne la guerre des mines qui consiste à creuser un tunnel sous la tranchée de l'ennemi afin de la faire exploser. Le 17 mars 1915, l’explosion d'un fourneau Français provoque le renversement de 15 mètres de tranchées, une vingtaine de morts et une douzaine de blessés. La riposte ne se fait pas attendre car le 22 mars, les soldats détruisent les entrées des galeries allemandes. Le bilan du mois de mars 1915 est lourd avec la perte de 317 morts, et le maréchal Fayolle prend alors conscience que la guerre sera longue. Selon lui, la victoire est possible si la France se dote d'une artillerie supérieure d'un point de vue numérique à celle des Allemands.

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