La Grande Guerre provoque des dégâts matériels et financiers irréversibles et totalise près de dix millions de victimes, dont 1,4 millions d’hommes morts pour la patrie. Avec une telle envergure, pratiquement toutes les familles ont perdu un proche ou un membre de leur famille pendant le conflit. Un travail de mémoire reste donc à accomplir. La France en prend conscience et multiplie dans les années 1920 les cérémonies commémoratives en l'honneur de ses soldats. Ces cérémonies vont se dérouler autour d’un élément central de la commune, le monument aux morts. 36 000 communes érigent alors ces édifices cénotaphes. Il permet une identification individuelle et nominative du soldat, mais la commémoration reste avant tout collective.
Une loi des finances de 1920 permet d'offrir des subventions pour la construction de ces monuments à condition qu'aucun culte n'y soit rattaché. Les communes peuvent choisir leurs modèles sur catalogue en faisant appel à une production en série ou une création par un artiste. L'historien Antoine Prost évoque différents types de monuments aux morts :
- Monuments civiques et républicains, très dépouillés.
- Monuments patriotiques qui exaltent le sacrifice des soldats.
- Monuments funéraires qui expriment la douleur.
- Monuments pacifistes mais qui sont plus rares.
Le but ici est de transmettre la mémoire des morts aux vivants, et ces monuments sont indissociables de la cérémonie du 11 novembre. En 1922, les autorités décident de ne plus dédier cette date à la fête de la Victoire mais de la consacrer à l’armistice et au souvenir des morts. Chaque cérémonie suit le même protocole : la Marseillaise, la Sonnerie aux morts, le dépôt de gerbes, l'appel des noms inscrits sur le monument suivi de la mention « Mort pour la France », et enfin une minute de silence.
Les monuments aux morts et les cérémonies commémoratives cristallisent la Grande Guerre.