En décembre 1919 les frères Michelin, André et Édouard, publient une brochure intitulée Notre Sécurité est dans l'Air. Elle rappelle le rôle de l'aviation et du bombardement aérien durant le conflit autour du Bréguet Michelin. En effet, l'entreprise clermontoise est à l'origine de la construction de ce modèle et en a produit 1884 exemplaires. De plus, elle a transformé Aulnat en école de bombardement destinée aux soldats alliés. A la fin des hostilités, l'entreprise a cessé de produire des avions et des bombes mais dans sa brochure, les auteurs décrivent son rôle majeur dans l'avenir.
Pour les frères Michelin, le traité de Versailles doit interdire à l'Allemagne de posséder aussi bien des avions militaires que des avions civils car ces derniers pourraient être détournés de leurs missions premières et menacer la France d'un nouveau conflit. Mais le traité de Versailles n'interdit pas la flotte aérienne civile, c'est pourquoi les responsables de l'usine Michelin mettent en garde les français et craignent un autre conflit.
La France se doit donc de construire une flotte aérienne nettement plus efficace que celle des Allemands. Les auteurs rappellent la création d'une bombe de 500 kilos, et espèrent que la recherche va déboucher sur la construction d'avions performants, pouvant transporter des bombes de plusieurs milliers de kilos (entre 1000 à 2000 kilos). Les autorités militaires veulent des lance-bombes toujours plus efficaces, capable d'être montées en une heure seulement. N'importe quel avion, militaire ou civil, peut alors être équipé d'un lance-bombe. Les auteurs espèrent que la France aura l'exclusivité de cette avancée pour écarter tout risque de supériorité de l'Allemagne.
Les frères Michelin décrivent également le rôle des avions civils en pleine expansion durant l'entre-deux-guerres. Les avions civils tels que Goliath et Handley-Page ont permis de transporter douze passagers de Paris à Londres ou de Paris à Bruxelles en moins de trois heures. En effet, en France, le transport de marchandises ou de civils est en expansion, mais il reste encore marginal. Cinq compagnies d'avion sont alors créées en France :
- Lignes Farmann (Paris-Londres)
- Compagnies des messageries aériennes (Paris-Lille)
- Compagnie générale transaérienne (Paris- Hendon en Angleterre)
- Grand Express aériens (Paris-Londres-Amsterdam)
Ces compagnies vont fusionner en 1923 pour devenir Air Union et en 1933 Air France. Pour André et Édouard Michelin, le développement de l'aviation touristique va de pair avec une diminution des risques encourus. Selon eux, pendant le conflit près de 2/3 des soldats sont morts au cours d'un accident et 1/3 par l'ennemi. Des progrès doivent être fait pour améliorer la technique des atterrissages en adoptant une vitesse inférieure.
En fin de brochure, les auteurs lancent un appel à candidature pour le Prix de la Sécurité. Le participant devra s'envoler dans un rayon de 10 km autour du château de Versailles, aller autour de la cathédrale de Reims et enfin revenir au point de départ. Cette première partie de l'épreuve doit s'effectuer en moins d'une heure et quart, soit à une vitesse de 200 km/h. Puis le participant doit réaliser pendant une heure un circuit représentant un triangle équilatéral de 3,6 km de côté à une vitesse de 10 km/h à moins de 100 mètre d'altitude. Enfin, il devra atterrir sans casse à moins de 5 km/h. Le gagnant remportera la somme de 500 000 francs, offerte par l'entreprise Michelin dans le but de favoriser la recherche aéronautique.