En août 1914, les Allemands occupent le Nord de la France en amputant cette dernière d'une partie de ses industriels. L'économie française doit donc se réorganiser, et, en septembre 1914, les industriels prennent conscience du caractère durable de la guerre. Ils se mobilisent alors au nom de l'effort de guerre, effort présenté comme un soutien patriotique. Ainsi les entreprises clermontoises, Bergougnan et Michelin s'engagent à satisfaire les commandes de la Défense Nationale grâce à leurs stocks importants.
Mais Michelin qui n'est pas le fournisseur officiel de l'Armée vis à vis des bandages, cette place étant attribuée à son concurrent Bergougnan, va destiner une partie de sa production au commerce avec les pays neutres et alliés. Pour le commerce avec la Défense nationale, Michelin diversifie sa production. L'usine devient donc une entreprise de guerre en produisant : des enveloppes, des sacs de couchage, des tentes, des chambres à air, des roues pleines d'acier, des fers à cheval, des pneus de secours, des chaînes pour rouler sur la boue et sur la neige, des manteaux imperméables, des musettes mangeoires pour les chevaux, des obus, des masques à gaz et des avions. Les bandages Michelin feront leurs preuves sur les routes lors de l'expédition de Salonique. Michelin devient un des fournisseurs de l'aéronautique pour l'Armée notamment avec les célèbres Bréguet-Michelin qui ont permis à Clermont-Ferrand de devenir un centre d'aviation. Au total, durant la Grande Guerre, l'entreprise a fourni 1 884 avions Bréguet-Michelin, 8600 lance-bombes, 342000 obus dont 27700 à l'armée américaine.
Le 2 août 1914, 2000 ouvriers sont mobilisés, l'entreprise les remplace par des hommes retraités et par des femmes. De plus, André Michelin décide dès les premières semaines du conflit de verser des allocations journalières aux familles touchées par la mobilisation des hommes, soit deux francs pour leur femme et un franc pour chacun de leur enfant. Alors que les allocations versées par le gouvernement français sont de 1,50 francs pour l'épouse des hommes mobilisés et 0,50 centimes par enfant.
L'entreprise Michelin met également en place des œuvres de guerre et met à disposition un de ses ateliers transformé en hôpital auxiliaire. Thérèse Michelin, la femme d’Édouard Michelin prend en charge les œuvres de guerre. Elle s’occupe personnellement des militaires soignés dans l'hôpital de la place des Carmes à Clermont-Ferrand et fonde des ouvroirs pour les veuves. Elle leur rend fréquemment visite et envoie pour les soldats du front et les prisonniers de guerre du tabac, des vêtements et des réchauds.