L'Arrière

"Française par le coeur, par l'esprit et par l'âme, vous êtes infirmière et épouse à la fois, ainsi que vos enfants, vos blessés ont leurs droits : de votre doux appui chacun d'eux réclame."  Charles Grandmougin

La culture

Les civils cherchent des moyens pour oublier la guerre ou pour la « supporter » le mieux possible. Les citadins peuvent s'évader grâce au cinéma ou au théâtre, mais une grande majorité des civils n'y ont pas accès et le travail reste alors au centre des préoccupations quotidiennes. Par ailleurs, les salles de théâtre sont soumises à des restrictions au niveau de l’éclairage et sont obligées de fermer plus tôt. Elles doivent également verser une taxe de 5 % sur les bénéfices aux œuvres de bienfaisance.

Le théâtre municipal de Clermont-Ferrand ouvre seulement quelques jours par mois et offre des représentations du théâtre classique telles que Le Cid, Les deux orphelines ou Horace. Cette dernière pièce est destinée aux élèves des écoles clermontoises. Mais le théâtre est rapidement délaissé au profit du cinéma. La France compte à cette époque près de 2800 salles de cinéma dont deux salles à Clermont-Ferrand : le Novelty et le Familia Cinema. Le cinéma devient plus populaire pendant la Grande Guerre car il est plus adapté au nouveau rythme de vie. Les spectateurs peuvent s'offrir, avec un ticket de cinéma d'une durée de validité de deux ou trois heures, un film d'actualité, un film comique, parfois l'épisode d'une série et enfin le film principal.

La censure est présente : les films ne montrent pas de soldats morts sauf si il s'agit d'ennemis et les soldats allemands apparaissent seulement en 1916. Durant cette même année, le Familia Cinéma diffuse notamment sur ses écrans : L’Angélus de la Victoire et Les gaz mortels. Le premier est réalisé par Léonce Perret en 1916, il relate l’histoire de Jacqueline perdant la raison après la mort de son fiancé au front. Le deuxième d'Abel Gance décrit l'histoire d'un scientifique qui doit concevoir des gaz. En 1917, les Clermontois découvrent la culture et le cinéma américain autour du réalisateur et de l'acteur emblématique, Charlie Chaplin. Le Novelty va présenter deux films très populaires en 1917 et en 1918, Les mystères de New York et Les mystères de Paris. Ces serials sont composés de plusieurs épisodes qui relatent l'histoire de brigands et de bandits. Toutefois ces films interpellent les autorités qui craignent une augmentation de la violence dans les rues.


Des séances de cinéma, de théâtres, des conférences ainsi que des concerts sont organisés pendant le conflit pour permettre aux œuvres de guerre de récolter des fonds. Le 27 mai 1917, l‘hôpital temporaire n°10 organise un concert en faveur des blessés avec la participation de Clara Halouze âgée de onze ans, et du ténor du conservatoire de Lyon Mr Sabatier. A cette occasion, une représentation de l'opéra-comique des Noces de Jeannette y  est tenue.

Le doyen de l'Université, Georges Desdevises du Dézert, participe à des conférences notamment le 28 septembre 1918, où il organise « La conférence au village» avec une projection lumineuse de la Bataille de la Marne et un film sur les tanks. Le 3 avril 1918, une autre conférence est organisée par les Croix-Rouge française et américaine sur « L'ancienne et la nouvelle entente franco-américaine », avec le capitaine Merlant en faveur de l’Ecole professionnelle des Blessés de guerre de Clermont-Ferrand et la Maison des aveugles de Montferrand. Les intellectuels, les autorités locales et la population auvergnate se sont mobilisés en faveur des œuvres des guerre pour soulager les plus démunis mais aussi les soldats.


La presse auvergnate nous permet d'avoir de précieux renseignements sur la vie quotidienne de la population ainsi que sur les divertissements de l'époque. Dans lAvenir ou Le Moniteur du Puy de Dôme, certains articles et certaines publicités décrivent la mode des femmes pendant le conflit. On constate une évolution de cette mode, d'une part pour émanciper le corps des femmes, d'autre part pour faire face aux pénuries. Ainsi les jupes se raccourcissent et les corsets sont enlevés pour plus de confort. De façon générale, ces divertissements sont parfois condamnés car les soldats et les civils doivent conserver une certaine retenue, pourtant ces distractions tendent à leur permettre de supporter le conflit.

15 Juillet 1915
28 Septembre 1917
5 Octobre 1918 (extrait)

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