L'Arrière

"Française par le coeur, par l'esprit et par l'âme, vous êtes infirmière et épouse à la fois, ainsi que vos enfants, vos blessés ont leurs droits : de votre doux appui chacun d'eux réclame."  Charles Grandmougin

La religion

De 1914 à 1915, le réveil religieux est incontestable en France, les femmes prient pour le retour des mobilisés. A l'arrière comme au front, chacun trouve du réconfort dans la religion. L’Eglise et l’Etat se rapprochent alors qu’au début du XXe siècle ils s'affrontent autour de la loi de 1905 qui ordonne leur séparation. Jeanne d’Arc est sans cesse invoquée par les catholiques car elle représente la foi religieuse alliée au patriotisme. Les Allemands la font même disparaître dans les zones occupées en détruisant ses représentations. Pourtant la papauté reste neutre et appelle sans cesse les belligérants à la paix.
Dès le début du conflit, l'évêque de Clermont, Mgr Berlmont condamne l'Allemagne dans le périodique La semaine religieuse du 8 août 1914. Dans son discours, il fait référence à Jeanne d'Arc et encourage ses fidèles à prier pour les soldats. Dans La semaine religieuse du 16 novembre 1918, il remercie Dieu de la délivrance du peuple français et clame sa confiance au pouvoir et aux Alliés ainsi qu'à la justice de Dieu. Dans son discours, il appelle également ses fidèles à souscrire à l'emprunt de la Libération.

Les processions auvergnates sont de plus en plus fréquentées comme celle de Notre-Dame-du-Port qui se déroule aux alentours du 10 mai. Lors de cette procession, différents évêques sont présents et prononcent leurs sermons. Pour la procession de 1915, l'évêque de Limoges et l'évêque de Clermont demandent à Dieu de bénir les soldats. Dans son sermon, l'évêque de Limoges évoque Jeanne d'Arc comme la « martyre de la patrie », la « Vierge de la Lorraine » ; il fait un parallèle entre le sacrifice de Jeanne d'Arc et celui des poilus pour sauver la France. Le chanoine Colin de Metz exerce en partie sur le territoire allemand et doit être soumis à son autorité mais il fait le choix de s'allier à la France. Dans son discours, il rappelle le sacrifice des hommes morts pour la France et pour l'Alsace. En effet, près de 8000 Alsaciens ou Lorrains combattent sous le drapeau français alors qu'ils ont été mobilisés par l'armée allemande. Il reprend également dans son sermon les mots d'Urbain II lors de son appel pour la croisade. Pour le chanoine, la Grande Guerre représente la croisade des catholiques. Son sermon est repris par La Semaine Religieuse mais aussi dans l'Avenir.

En 1917, l'ensemble des évêques réclament la paix, notamment les évêques de Moulins et de Rouen. Dans leurs esprits, la France s'est éloignée de l'Église avec la loi de 1905, pourtant selon leurs discours « Dieu offrira la Victoire » à la France, des rancœurs entre l’Etat et l’Eglise sont donc perceptibles à cette époque. En 1918, la procession célèbre la Sainte-Vierge en tant que protectrice de l'Auvergne et de ses habitants.

Avec les processions, la foi religieuse et la ferveur patriotique se mêlent, les membres du clergé rappellent le sacrifice des soldats pour sauver la France et invoquent les Saints dans le but de les protéger. Dans La semaine religieuse, l'évêque de Clermont rappelle toutes les semaines le rôle des aumôniers et des prêtres soldats. Ils délivrent les sacrements, bénissent les objets de culte, luttent contre l'hérésie et célèbrent la messe. Autant les civils que les soldats trouvent du réconfort dans cette religion qui tend à soulager leurs souffrances et apaiser leurs angoisses.

17 Mai 1915
22 Mai 1916 (extrait)
21 Mai 1917

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