L'Après-Guerre

"O morts ! la France en vous plonge et vit tout entière ; la glèbe de ses champs n'est que votre poussière, et les vents de son ciel le souffle de vos voix"   Paul de Montalcher

Amélie Murat

Amélie Murat est née le 19 décembre 1882 à Chamalières, elle et sa sœur Jeanne deviennent orphelines très jeunes et sont élevées par leurs grands-parents puis placées au couvent Notre-Dame de Chamalières. Après le décès de ces derniers, les deux sœurs sont alors prises en charge par leur oncle et partent vivre à Paris. A dix-neuf ans, Amélie Murat voyage en France et en Europe et reste très attachée à son Auvergne natale. A son arrivée à Paris, elle fréquente les cercles littéraires aux cotés d'Henri de Régnier, Gandilhon Gens-d' Armes… Pendant la Grande Guerre, les soeurs Murat restent à Paris mais à la fin du conflit Amélie tombe malade, atteinte de la grippe espagnole. En convalescence à Mulhouse, elle rédige alors Humblement sur l'autel 1914-1919 qui fut publié en 1919. Elle connaît rapidement le succès mais un drame va terriblement l’affecter, le décès de sa sœur Jeanne en 1926. Dès lors, sa santé ne cesse de se dégrader. En 1933, elle contracte une congestion pulmonaire et meurt en 1940.

Ses œuvres sont marquées par la mélancolie, la désillusion de l'amour et le regret de ne pas être mère. Selon elle, le destin est voué à l’échec.

Son œuvre : Humblement sur l'autel 1914-1919

Dans ces poèmes, la guerre représente un noir présage avec son cortège de désespérance et une vision apocalyptique. Le poème Epitaphe traduit le sacrifice des soldats pendant le conflit. Ce dernier a détruit l'ordre des choses comme le décrit l'auteur avec le passage dédié au volontaire âgé de 17 ans. Il a fait le sacrifice de sa vie et de sa jeunesse pour la victoire des Alliés laissant sa mère et ses sœurs dans le deuil et la souffrance. Son poème rappelle l'omniprésence du deuil, en effet ce dernier touche tout le monde : la France mais aussi ses colonies, les citadins comme les ruraux... Le deuil se prolonge bien après la guerre et il est vécu parfois comme une tragédie.


Les deux poèmes Des Morts et Des Vivants font référence au Défilé de la Victoire du 14 juillet 1919. Paris est habillée aux couleurs tricolores et plusieurs millions de français sont présents pour cet évènement. Le défilé a débuté la veille au soir par une veillée funèbre, il est ouvert par 1000 mutilés pour rappeler le visage de la guerre et l'immensité des sacrifices. Des centaines de milliers de personnes défilent en silence ou en pleurs devant le cénotaphe temporaire dressé à côté de l'Arc de Triomphe. Ce monument préfigure le symbole du Soldat inconnu et représente les 1350000 soldats français morts au front. Il symbolise le « retour des morts », un lien entre l'arrière et le front. Les vivants et les morts se mêlent alors à la victoire. Les survivants alliés défilent aux cotés des généraux. Ce défilé représente l'Union sacrée entre les classes politiques, les catholiques et les républicains, soit le rassemblement de toute une nation. Mais cet évènement ne fait pas l'unanimité car certains socialistes dénoncent le caractère militariste de l'évènement. L'auteur dans son ouvrage commémore les morts et le sacrifice de leur vie pour la France. Elle établit un parallèle entre les morts et les vivants, chacun étant présent au défilé.

15 Juillet 1919
15 Juillet 1919

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